Fièvre jaune
La maladie
La fièvre jaune est une maladie potentiellement mortelle, transmise par des moustiques infectés par le virus amaril.
Le nom de "jaune" pour cette fièvre est due à la "jaunisse" qu'elle cause chez la plupart des patients.
C'est une maladie souvent très grave, qui tue par dizaines de milliers chaque année. L’OMS estime qu’en l’absence de vaccin, le tribut serait autour de 2 millions de victimes.
C'est la seule maladie qui, selon le règlement sanitaire international émis par l'OMS et auquel souscrivent les pays d'endémie amarile, pour laquelle la vaccination est obligatoire pour entrer dans le pays.
il existe heureusement contre elle une vaccination très efficace, simple d'administration, très durable (voir plus bas) et présentant très peu de risques : la vaccination anti-amarile (l'unique vaccin porte le nom de marque de Stamaril).
L'estimation de l'OMS basée sur des données africaines a permis d’estimer l'importance de cette maladie sur le continent (les dernières données dates de 2013) : elles ont dénombré 84 000 à 170 000 cas graves et 29 000 à 60 000 décès.
Les symptômes
La plupart des cas de fièvre jaune sont asymptomatiques. On est contaminé par le virus amaril sans même s'en apercevoir.
Mais parfois, le virus provoque une pathologie aiguë, qui se déroule en deux phases.
La première associe fièvre, myalgies (douleurs musculaires) et particulièrement mal au dos, maux de tête, frissons, perte de l'appétit, nausées et/ou vomissements, souvent avec ralentissement du rythme cardiaque. Et puis les symptômes disparaissent.
Mais après cette première phase, dans les 24 heures, suivantes, certains patients entrent dans une seconde phase, beaucoup plus toxique, Ceci ne concerne qu'une modeste proportion des cas de fièvre jaune, mais ils sont graves. On observe alors une fièvre qui monte, et plusieurs organes sont touchés, à commencer par le foie et les reins.
C'est alors qu'apparaît le jaunissement de la peau et des yeux (d’où le nom de «fièvre jaune»), avec des urines foncées, des douleurs abdominales et des vomissements. On peut aussi observer des saignements par la bouche, par le nez, par les yeux ou au niveau de l’estomac.
La mortalité est alors importante puisque la moitié des malades arrivés à cette phase toxique meurent dans les 7 à 14 jours après le début de la maladie.
Environ 15 % des cas de fièvre jaune évoluent vers une deuxième phase au bout de quelques jours, avec résurgence de la fièvre, développement d’une jaunisse, douleurs abdominales, vomissements et manifestations hémorragiques ; jusqu’à la moitié de ces malades meurent 10 à 14 jours, soity un taux de mortalité autour de 7%.
La cause : un virus transmis par un moustique
La fièvre jaune est causée par le virus amaril, transmis par un moustique qui l'a absorbé lors d'un repas sanguin sur un animal ou une personne contaminée.
Ce virus est un arbovirus (du genre Flavivirus), transmis par des moustiques des genres Aedes et Haemogogus d’un singe à un autre et occasionnellement à l’homme. Cet insecte vecteur, moustique du genre Aedes aegypti, pique le jour.
La transmission
Les singes sont le principal réservoir de ce virus en forêt tropicale, transmis entre eux par les moustiques. Ils sont donc d'abord transmis en forêt des singes à l'homme. Mais lorsqu'ils sont ramenés en ville, et particulièrement dans les zones urbaines peuplées, il y a un risque d'épidémie. Ainsi dans les pays d'endémie amarile voit-on surgir des flambées épidémiques très mortelles.
Dans les régions humides de savane en Afrique, on observe un schéma de transmission intermédiaire : les moustiques contaminent aussi bien les singes que les hommes, provoquant des flambées localisées.
Le traitement de la maladie
Il n'y a pas de traitement antiviral spécifique contre le virus.
On est donc réduit à proposer l'administration rapide d’un traitement symptomatique, seul à même d'améliorer la survie. Il consiste en soins spécifiques pour traiter la déshydratation, l’insuffisance hépatique et rénale et la fièvre. On peut y adjoindre des antibiotiques pour traiter les surinfections bactériennes.
Quel risque pour les voyageurs
L’obligation vaccinale protège le voyageur dans les pays d’endémie, qui ont l'obligation de la demander. Ce n’est toutefois pas le cas de tous les pays, certains ne respectant pas les recommandations de l’OMS en la matière. Il appartient alors au voyageur de faire néanmoins cette vaccination pour se protéger.
De plus : la vaccination contre la fièvre jaune n’est généralement pas recommandée dans les pays ou zones où l’exposition au virus amaril est peu probable.
Toutefois, même dans ces endroits, elle doit être envisagée si l’itinéraire implique une forte exposition aux moustiques, par exemple lors d’un séjour prolongé en milieu rural. (OMS)
Pays d'endémie amarile
La fièvre jaune est présente dans les zones urbaines et rurales d’Afrique et du centre de l’Amérique du Sud. Elle touche 47 pays d’Afrique (34 pays) et d’Amérique latine (13 pays). Tous ces pays mènent des campagnes de lutte contre la maladie.
On notera que la fièvre jaune n'est jamais apparue en Asie, à l’exception de quelques très rares cas de personnes ayant séjourné en Afrique en zone d'endémie et ayant ramené le virus dans leur pays (la Chine en l'occurrence).
Toutefois, le risque est loin d'être absent d'importer un jour la fièvre jaune dans les zones tropicales d'Asie où le moustique vecteur est présent et pourrait déclencher des épidémies. Les voyageurs allant en Asie et ayant séjourné en zone d'endémie fièvre jaune doivent dont être particulièrement vigilants à être bien vaccinés contre la maladie. D'ailleurs, de nombreux pays exigent un certificat de vaccination antiamarile avant de délivrer des visas aux voyageurs qui viennent de zones d’endémie ou qui ont visité ces régions.
L'histoire nous apprend que le risque est loin d'être absent dans nos pays : aux XVIIe et XIXe siècle, la fièvre jaune a sévi en Amérique du Nord et en Europe où elle a provoqué de graves épidémies qui ont perturbé les économies et le développement, et ont été jusqu'à décimer les populations.
La prévention
Il y a deux moyens d'éviter de contracter la fièvre jaune.
Le premier, le plus sûr et le plus nécessaire est la vaccination. Le second est d'éviter les piqûres de moustiques mais le jour (quand se transmet le virus) c'est quasiment mission impossible.
La vaccination, qui est fiable et sûre, va donc concerner les voyageurs mais encore plus les populations locales vivant en zone d'endémie, Certains pays essaient donc de proposer la vaccination préventive à l'ensemble de leur population. Dans d'autres, les flambées épidémiques sont l'occasion de campagnes vaccinales de masse afin d'assurer la couverture de la population.
Les recommandations pour le vaccin et son rappel
Pour les voyageurs, la vaccination contre la fièvre jaune est indispensable pour un séjour dans une zone endémique (Cf carte), même en l’absence d’obligation administrative.
Cette vaccination est obligatoire pour les résidents du département de la Guyane.
Le vaccin de la fièvre jaune (ou vaccin amaril) est disponible uniquement dans les Centres agréés de vaccinations internationales (CVI).
Cas particuliers
Enfants
La vaccination n'est pas recommandée avant 9 mois pour les enfants se rendant dans un pays à risque.
Toutefois exceptionnellement, elle peut être effectuée dès l’âge de 6 mois si le nourrisson doit séjourner en milieu rural ou en forêt, si une épidémie sévit dans la région visitée, c'est à dire comme toujours quand la balance bénéfices/risques pèse au profit de ces derniers.
Femmes enceintes
Comme il s’agit d’un vaccin vivant, la vaccination contre la fièvre jaune est en principe déconseillée chez une femme enceinte.
Cependant, en raison de la gravité de la maladie, elle peut être réalisée quel que soit le stade de la grossesse, si le voyage dans une zone d’endémie amarile ne peut être différé.
Femmes allaitantes
En raison du passage dans le lait maternel du virus vaccinal pendant la virémie post-vaccinale, il paraît souhaitable d’attendre que le nourrisson ait atteint l’âge de 6 mois pour vacciner une mère qui allaite. Si la vaccination est impérative, notamment en cas de voyage indispensable dans une zone à haut risque, l’allaitement doit être suspendu et peut être repris deux semaines après la vaccination.
Donneurs de sang
Le don de sang doit être suspendu pendant la phase de virémie post-vaccinale ; il peut être repris quatre semaines après l’administration du vaccin.
Personnes immunodéprimées
Le vaccin amaril est en principe contre-indiqué en cas de déficit immunitaire congénital ou acquis. Il peut toutefois être administré dans certains cas.
Lorsqu’une autre vaccination avec un vaccin viral vivant est envisagée (rougeole), un délai minimum de 28 jours entre les deux vaccinations doit être respecté si celles-ci ne sont pas réalisées simultanément.
Cependant, en cas de départ imminent en zone d’endémie amarile, les deux vaccins peuvent être administrés à n’importe quel intervalle.
Lorsque la vaccination ne peut pas être réalisée, les voyages en zone d’endémicité amarile sont formellement déconseillés.
Si nécessaire, un certificat de contre-indication à la vaccination anti-amarile peut être délivré par le médecin du CVI ou par le médecin traitant.
Les obligations vaccinales pour le vaccin anti amaril - Nécessités pour le certificat de vaccination
Le Règlement sanitaire international (RSI) signé par tous les pays de l'ONU permet aux pays signataires d’exiger des voyageurs qu’ils présentent un certificat de vaccination contre le virus amaril.
Il peut exister des motifs médicaux (jeune âge, femme enceinte, immunodépression ou tout autre raison) faisant poser au médecin consultant pour vaccination une contre-indication à la vaccination. Ceci est accepté par les autorités compétentes, mais les contre-indications sont peu fréquentes.
A l'issue de la consultation vaccinale, un certificat international de vaccination est émis pour le Centre de Vaccinations Internationales qui l'a pratiquée. Celui-ci porte le nom du vaccin, la date, le numéro de lot et le nom et la signature du médecin responsable du centre en question.
Toutefois, si le règlement sanitaire international permet aux pays d’exiger cette vaccination, la présentation d'un certificat de vaccination reste à la discrétion de chaque État Partie. Ainsi certains pays où le risque existe, et parfois de façon non négligeable, ne demandent pas de produire ce certificat. C'est notamment le cas du Sénégal qui est pourtant un pays d'endémie amarile.
Protocole du vaccin
Schéma vaccinal du Stamaril™:
Le vaccin amaril est produit à partir d’un virus vivant atténué.
Le protocole est simple. Il comporte une seule injection, à faire au moins 10 jours avant l'arrivée en zone à risque de transmission pour la primo-vaccination.
Durée de protection - Validité du certificat
La vaccination contre la fièvre jaune est maintenant valable à vie.
Dans le contexte des voyages internationaux, la durée de protection conférée par la vaccination contre la fièvre jaune est passée de 10 ans à la vie entière.
«... à compter du 11 juillet 2016, aucun État Partie ne peut exiger des voyageurs internationaux, pour les certificats existants ou nouveaux, la revaccination ou une dose de rappel de vaccin antiamaril comme condition d’entrée, quelle que soit la date à laquelle le certificat international de vaccination a été délivré initialement » stipule l’OMS.
Même si la vaccination a été faite avant l’émission de cette nouvelle règle, et même si la validité est indiquée à 10 ans sur le carnet de vaccinations, il est désormais considéré que le porteur du carnet en question est censé être protégé à vie avec une seule injection.
Cette mesure a été prise surtout pour faire face à la pénurie de vaccin contre la fièvre jaune dans les pays d'endémie. Il est clair que si l'on n'a pas assez de vaccins pour tout le monde, il vaut mieux réserver les vaccins pour ceux qui n'ont jamais été vaccinés.
Toutefois, l'immunité décroit au fil des années. Cette décroissance est progressive et surtout très différente selon les individus. On peut la mesurer par le taux d'anticorps restant après 5, 10, 20 ans ou plus et pour certains on retrouvera un niveau d'immunité très acceptable après 20 ans mais pour d'autres, non.
C'est pourquoi le Haut Conseil de la santé publique a prévu des exceptions à la validité à vie de la vaccination contre la fièvre jaune.
Ainsi chez le voyageur, une 2ème dose est recommandée avant un nouveau départ en zone d’endémie amarile dans les conditions suivantes :
- à partir de l’âge de 6 ans pour les personnes ayant été vaccinées avant l’âge de 2 ans.
- si la vaccination initiale date de plus de 10 ans, pour les personnes se rendant dans une région où une épidémie a été déclarée et est en cours.
En l'absence de certitude sur son taux d'immunité, de nombreux voyageurs préfèrent choisir la sécurité et rester sur le protocole précédent comprenant un rappel après 10 ans. Un second rappel peut être proposé, mais on considère qu'avec deux ou trois vaccinations, la protection est suffisante à vie.
Sources : Organisation mondiale de la santé, BEH "Bulletin épidémiologique hebdomadaire".
Risques du vaccin
Comme pour tout vaccin, le risque zéro n'existe pas c'est pourquoi l'on pèse toujours la balance bénéfices-risques. Les sujets vaccinés peuvent voir survenir d'exceptionnels effets secondaires sérieux. Ils peuvent atteindre le foie, les reins ou le système nerveux. La fréquence de ces «manifestations post vaccinales indésirables» ayant pu entraîner une hospitalisation est très faible, allant de 0,4 à 0,8 pour 100 000 personnes vaccinées.
Toutefois, une attention doit être portée pour les personnes âgées de 60 ans et plus, ainsi que pour toute personne souffrant d'une immunodéficience sévère, par exemple due à une infection à VIH/sida symptomatique, ainsi qu'aux rares personnes qui ont des troubles du thymus. Dans ces cas, , le vaccin sera prescrit en pesant soigneusement la balance bénéfices/risques.
La fièvre jaune : un problème de santé publique contre lequel lutte l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé)
La fièvre jaune est une maladie suffisamment grave pour mobiliser les énergies et les politiques nationales et internationales. Ainsi l'OMS a-t-elle lancé plusieurs campagnes de lutte - notamment en coordination avec l'UNICEF pour la fournitures des vaccins - afin de permettre de vacciner au mieux toutes les populations exposées à la maladie.
Les campagnes de lutte pour la vaccination de masse sont organisées dans les zones les plus à risque pour tous les individus de plus de 9 mois. De plus, des système de surveillance et de riposte aux flambées épidémiques ont été mis en place pour dépister au plus tôt toute résurgence d'une épidémie et d'y réagir au plus vite.
FAQ
Comment on attrape la fièvre jaune ?
La fièvre jaune est transmise par un moustique infecté par le virus amaril.
Quelles sont les conséquences de la fièvre jaune ?
Maladie potentiellement mortelle, la fièvre jaune peut toutefois passer inaperçue. Ce n'est qu'une faible part des personnes infectées qui mourront, mais il faut savoir que l'on n'a pas de traitement spécifique si l'on est infecté.
Comment soigner la fièvre jaune ?
En l'absence de médicament contre le virus, on ne dispose que de traitements pour éviter ses conséquences. Il s'agit de traitements symptomatiques contre la déshydratation ou la défaillance du foie ou des reins.
Dans quels pays risque-t-on d'attraper la fièvre jaune ?
Dans tous les pays d'endémie amarile, en Afrique ou en Amérique du sud (voir la carte ci-dessus).
Pays pour lesquels le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire ?
Normalement, tous les pays où sévit la maladie peuvent exiger le certificat de vaccination contre la fièvre jaune pour passer leur frontière. Ce n'est toutefois pas une obligation et il faut se renseigner avant le voyage pour connaître le statut du pays où l'on veut se rendre.
Où peut-on se faire vacciner contre la fièvre jaune ?
Il faut se faire vacciner dans les centres de vaccinations internationales agréés dont la liste est établie par le ministère de la santé.
Vaccin fièvre jaune : combien de temps avant le voyage ?
Attention, la vaccination n'est valable que 10 jours après l'injection. Il faut donc anticiper et ne pas se précipiter la veille de son départ.